mardi 26 octobre 2010

Amazonie, Chapitre 1 : Route sans fin vers le musée des horreurs

Alors voilà. En Amazonie nous décidâmes d'aller, en Amazonie nous allâmes... sans imaginer ce qui allait nous attendre...

Nous avons booké un tour organisé au départ de Quito, ce que constitue à peu près l'unique moyen de se rendre dans la jungle profonde pour le backpacker lambda. Notre destination finale était la réserve naturelle de Cuyabeno, située à l'extrême nord-est de l'Equateur, proche de la frontière avec la Colombie et le Pérou. Nous y sommes partis pour 4 jours et 3 nuits.

3 nuits, oui... hé hé hé...

On est parti de Quito un mercredi soir vers 22h pour n'arriver à notre campement au coeur de la jungle que vers 16h le lendemain. C'est donc là que commence la route sans fin vers... vers ce qui va suivre...

Le voyage commença donc par un bus de nuit de ligne régulière, entre Quito et Lago Agrio, dernière ville digne de ce nom avant l'entrée dans la campagne pré-junglière. 8 heures de bus sur de sinueuses routes de montagne, à fleur de précipice, pour passer des quasiment 3000 mètres d'altitude de la capitale à quelques 400 ou 500 mètres d'altidtude des plaines amazoniennes, constituant le versant est de la colonne vertébrale andine. Le voyage de nuit offrant une visibilité quasi nulle sur les ravins que nous effleurions allègrement des pneus, nous pûmes aisément nous concentrer sur notre sommeil plutôt que sur notre probabilité de faire une sortie de piste fatale.


Ici, le visage de Cédric laisse entrevoir un mélange complexe de sentiment de soulagement (de ne pas voir la route) et de crainte pour sa vie. Notez l'accoudoir levé pour pouvoir s'enfuir à tout moment.

Ici Mathieu, luttant pour ne pas montrer son insurmontable sentiment de terreur, feignant une mimique de "Les voyages en bus en Equateur ? Pfff... Même pas peur !"

Ici, moi-même. Vous pouvez lire dans mes yeux (et sur ma tête) le V de la victoire de celui qui a su vaincre le Mal par la seule force de la pensée. Bon... euh... et j'avais encore certainement une bonne haleine d'immodium à ce moment là...

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Au petit matin, arrêt à un checkpoint de militaires pour vérification des sacs (pour les locaux) et des passeports (pour les gringos), la région étant infestée de narcotraficants et de FARCs. Les douaniers ont tout de même tiré une drôle de tête lorsqu'ils ont vu passer 3 passeports de français répondant tous trois de la même façon aux questions d'usage : "- Apellido ? - Lheureux ! - Profesion ? - Ingeniero !".
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Puis, arrivée à Lago Agrio, où nous dûmes poireauter quelques heures avant de pouvoir reprendre un bus un peu pourri, dont le pot d'échappement touchait la route à chaque U-turn et dont les chauffeurs conduisaient comme dans les séries américaines des années 70, c'est à dire en ne jetant un coup d'oeil à la route que toutes les minutes, le reste du temps étant consacré à discuter et à regarder en direction de leur pote assis à la place du mort (si ce terme veut encore dire quelque chose dans un véhicule équatorien). A partir de là, uniquement du paysage de jungle clairsemée, ponctué de quelques baraques sur pilotis. La route : une langue de goudron accompagnée d'un interminable et serpentaire pipeline d'hydrocarbures provenant des champs pétroliers amazoniens. Celle-ci devait nous conduire à l'entrée de la réserve Cuyabeno, à la rivière sur laquelle nous partirions en pirogue pour rejoindre notre campement.

Le pipeline qui nous a suivi pendant les 3 heures de bus jusqu'à l'entrée de la réserve Cuyabeno.


Notre bus en train de finaliser un dépassement digne de Fast & Furious.


Habitations croisées sur notre route. C'est perdu, mais ce n'est pas encore ça le trou du c... du monde en comparaison de ce qui va suivre.


Petite halte, ambiance "pendant c'temps là, à Vera Cruz" dans un bled sur la route pour la réserve naturelle.


Là, il faisait assez chaud. On avait assez soif... Cédric et Mathieu ont commencé à avoir des hallucinations...


... à tel point qu'ils ont juré avoir entendu la bouteille géante de Pilsner leur dire "Bois-moi ! Bois-moi bordel !"

Julien lui, avait toujours la tête bien sur les épaules. Il se concentrait simplement sur...

... la dextérité avec laquelle la serveuse préparait ses mojitos...
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Plus sérieusement, ça c'était le genre de poster qui tapissait le mur de cette épicerie perdue au milieu de nulle part. On appréciera le souci du détail : sac parfaitement assorti à la tenue, tenue parfaitement assortie au climat, postérieur soigneusement rembourré au collagène qui symbolise l'invitation à s'asseoir confortablement sur le tabouret. Mais je m'égare et le voyage continue...
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Nous arrivâmes enfin à l'entrée de la réserve.

Après un rapide déjeuner, embarquement à bord pour 3 heures de pirogue jusqu'au camp. Cédric et Mathieu heureux d'être dans un moyen de transport autre que le bus (les gilets de sauvetage c'est juste pour Maman).

Julien qui... "Hein ? C'est pour la photo ?"...


... "Alors permettez que j'me la pète !" Les pieds offerts aux piranhas et aux caïmans.


Mais depuis le début du voyage fluvial, à la proue de la pirogue se trouvait un mystérieux personnage, guettant les moindres faits et gestes de la jungle... Luis, notre guide. Son histoire vous sera dévoilée plus tard..
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Ainsi, 3 heures de pirogue plus tard, nous arrivâmes à notre camp, fatigués du long voyage. Nous avions vu un peu de faune sur le chemin, de nombreux oiseaux, ou encore quelques singes que Luis était capable de déceler à 100 mètres par le simple bruissement d'une feuille. Et la jungle amazonienne semblait pour le moment être plutôt un lieu paisible et accueillant.
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Notre base de vie était un ensemble de 9 ou 10 cases en bois, sur pilotis, sans électricité, situées au bord de la rivière. En arrivant, Luis nous invita à nous reposer quelques temps, jusqu'à la nuit tombée, heure à laquelle il viendrait nous chercher pour une promenade d'immersion un peu spéciale...
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Une fois la nuit bien noire arrivée, il nous demanda de nous regrouper, d'enfiler manches et pantalons longs, et de mettre des grandes bottes en coutchouc pour partir faire une marche nocturne dans la jungle. Aussi, interdiction de mettre de l'anti-moustique dans la réserve de Cuyabeno. C'est une réserve protégée (plus que les touristes) et les produits répulsifs peuvent endommager le système nerveux des insectes et des serpents, donc proscrit !
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Cédric, pestant de devoir remettre des chaussures fermées alors qu'il faisait si bon... Il ne savait certainement pas ce qui l'attendait...

Tenue de combat prête, en route pour la jungle !


Cédric, émerveillé par l'ambiance sonore enchanteresse de la jungle la nuit... Enchanteresse vous avez dit ?


Julien, juste avant le débarquement sur la berge, prêt à mourir ce soir...

Mais... Premier contact avec les bêtes ! Mouais... Ce n'est qu'un papillon qui dort !


- Mathieu : "Ouais la jungle c'est pour les baltringues ! Venez on va boire des Pilsner !"
- Cédric : "Attends ! J'ai entendu un truc par là..."

En pénétrant un peu plus dans la forêt sombre... commencent à proliférer les toiles d'araignées... Partout !


Et au sol... Une mygale-loup ! Grosse comme la paume de ma main... Qui attend patiemment une proie à piquer avec son venin neurotoxique... C'est le moment que choisit Luis pour nous dire que 80% des animaux de la jungle vivent et chassent la nuit... Et qu'une bonne partie des bêtes que nous allions croiser sont très dangereuses, voire mortelles...


Juste à côté... Le cafard le plus gros que j'aie jamais vu... Un cafard, long comme mon index...

Un peu plus loin... sur un morceau d'écorce, une mygale d'un autre type... Encore plus grosse que la précédente... Très venimeuse...


Et là on commençait à se dire : "Putain... Qu'est-ce qu'on fait là..."

Mais on croisait aussi des bestioles inoffensives, comme cette procession de fourmis découpeuses de feuilles.


Mais pas pour longtemps... Non loin de là, à attendre sur une feuille, une solitaire fourmi-tueuse. Grosse comme mon pouce. Un truc de guedin... Venimeuse aussi...


Tiens... Ca on n'avait pas encore eu... Scorpion à l'affût... Mortel...


Puis sur un tronc, une araignée-scorpion, avec les pattes accrochées à la tête, nous scrutant de ses yeux rouges... Mortelle aussi je crois...


Comme une envie de se barrer en courant... Mais impossible... Toujours regarder tout autour de soi. La jungle est infestée de toiles d'araignées qui pendent partout pendant la nuit. On avance la tête enfoncée dans les épaules, comme par réflexe, pour éviter tout ce qui pourrait nous tomber dessus depuis les ténèbres...


Tout de même quelques images rassurantes, comme ces papillons en train de se reproduire...

Mais la réalité reprend vite le dessus... Encore des mygales... partout !...


Et des scorpions, en position pour nous frapper de leurs dards... On comprend maintenant pourquoi on a des bottes aux pieds... et des pantalons... et des manches longues...


Mais sortez nous de là !!!!!!!!!!!!!!!
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Et on a continué comme ça pendant une petite heure, marchant même parfois dans le noir complet, sans lampe de poche, main dans la main, pour pouvoir approcher des bestioles encore plus féroces, comme cette mygale marron, de la taille de ma main, que l'on n'a pu éclairer que pendant un quart de seconde (sous recommandation de Luis) sans quoi elle pouvait nous sauter au visage et nous tuer en moins de 30 secondes... Un MONSTRE ! Impossible à prendre en photo avec flash, le risque de provoquer une attaque étant trop grand...

Bref, nous n'étions pas mécontents de retrouver la pirogue pour retourner à notre confortable camp, avec ses bougies et ses moustiquaires...


Mais le Musée des Horreurs est ambulant, et il nous suivait partout. Ici une mygale noire de la taille de ma main, des pattes comme mes doigts, se promenant tranquillement dans la case où nous nous apprêtions à diner... Hallucinant...


Une autre se promenant au dessus de nos têtes, tranquillement, pendant que nous dinions...

Pendant ce temps là, un petit boa constrictor chassait sous nos cases...

Et se laissait docilement prendre en photo...


Et là, on n'en menait pas large en finissant nos assiettes... Après ça y'avait plus qu'à aller se faire un brin de toilette à la salle de bains...


... qui était évidemment occupée...

... puis, après avoir chassé les cafards de sous les draps et l'oreiller, d'aller se coucher sous sa moustiquaire bien bordée...


... en attendant d'interminables heures... et avec une indescriptible hâte... la venue du jour nouveau...
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La suite au prochain épisode...

2 commentaires:

  1. Aie aie aie... Vous me donnez froid dans le dos! Commentaire au top, photos géniale. Bonne continuation et faites attention à vous ! Pauline, le greque...

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  2. wah! bon ben en espérant que vous reveniez vivants alors :) et jolie plume au passage (je crois que c'est celle de julien)

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